S’il y a bien un réalisateur français qui m’a intéressé autant que Blier, c’est Godard. Plus qu’intéressé – ça m’a presque passionné, Godard. Il se permet des trucs que très peu de cinéastes osent se permettre. Il bidouille, il invente. Godard, pour moi, c’est aussi un mec qui t’autorise à faire du cinéma. Après, d’accord, il livre des films un peu pesants, tu peux parfois t’emmerder pendant une demi-heure, mais comme tu as aussi la ou les séquences brillantes, à l’arrivée ça reste très au-dessus. Donc quand on me dit : « L’ombre de Godard, c’est tétanisant pour un réalisateur français », mais alors pas du tout. S’il y a bien un mec qui prouve à ceux qui viennent derrière qu’ils ont le droit de faire du cinéma, c’est lui. Pour moi, c’est le cinéaste qui vous autorise tout, vous libère de tous les formats, toutes les contingences d’histoire, de cadre. Quand tu es gamin et que tu n’as vu que La Grande Vadrouille, découvrir Godard, c’est comprendre que tu as le droit de filmer en contre-jour pendant dix minutes. Ce qui me pèse dans le cinéma français, c’est ce truc académique, avec le bel appartement bourgeois, les conversations raffinées, la petite pincée de social… Là, en tant que fan de Carpenter, je me sens mis de côté. Parce que mon truc, à l’origine c’est quand même le bricolage. Bon, il faut que j’arrête de dire ça. On dirait une phrase à la Didier Super.
mardi 03 juillet 2018