Mais Green Room n’est pas que ça : il est incroyablement tendre. Même les pitbulls tueurs y sont finalement magnifiés, tandis que les néo-nazis recèlent leur part d’incertitude et de complexité. Tout le monde peut être sauvé et la beauté se cache parfois dans les recoins les plus sombres, raconte Saulnier en filigrane. C’est d’ailleurs le cœur du film, ce qui lui permet de se placer très clairement au-dessus de la mêlée. Il n’est même plus question d’un clan d’extrême droite qui massacre un groupe de punk composé de post-ados, mais de jeunes fauchés et innocents qui enchaînent les concerts, tracent la route pour fuir la norme avant de se prendre un mur en pleine face. Des types aux cheveux décolorés qui se réclament de Black Sabbath mais respirent Simon & Garfunkel, plus John Hughes que Rob Zombie. Au tout début du film, la petite troupe se réveille sur les sièges d’une voiture de fortune, dans une lumière diaphane. Ils ont l’aspect de ceux qui ne se lavent pas beaucoup mais conservent la pureté des poupins. C’est la tentative de destruction de cet idéal, pourtant toujours vivace, immortel, qui fait de Green Room un film exceptionnel. AC.