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- LES MISERABLES : Qui est LADJ LY, l'homme qui rallume la flamme de la banlieue ? -

Grand Prix du Festival de Cannes 2019 avec son premier long métrage de fiction, Les Misérables, qui représentera également la France aux Oscars, le nom de Ladj Ly est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Derrière l’histoire du fils d’éboueur malien venu de Clichy-Montfermeil pour mettre de la « diversité » dans un cinéma français qui adore ça, mais à petite dose, il y a d’abord un cinéaste qui ne revendique aucune cinéphilie mais a forgé son langage documentaire, en filmant la réalité autour de lui. Pour siffloter le flow de l’époque. Par David Alexander Cassan – Photos : Rodrigue Huart

 
Des perturbations sur la ligne B du RER compliquent la liaison Paris-Montfermeil ce matin. Au compte-gouttes, les étudiants de l’école Kourtrajmé arrivent devant la façade carmin des Ateliers Médicis. En attendant les retardataires, une poignée d’étudiants assis sur une table de ping-pong taillent le bout de gras avec Ladj Ly, fondateur de l’école, et Toumani Sangaré, vieux complice du collectif Kourtrajmé qui dirige les deux mois et demi de la formation « postproduction ». À l’aise dans son chino, sac à dos d’étudiant sur le dos, Sangaré fait briller des étoiles dans les yeux des jeunes en racontant Cannes 2005 en bande, pour le Sheitan de Kim Chapiron, la suite du Martinez et Vincent Cassel qui les fait tous rentrer en boîte. Ladj Ly dodeline de la tête avant de saluer Wari, cinquantenaire barbu et gouailleur qui passe devant l’école en voisin. Dans trois semaines jour pour jour, le dirlo décontracté retournera à Cannes, en compétition officielle cette fois, pour y présenter Les Misérables, donc. Pour décrire ce trajet du béton décati de la cité des Bosquets à l’éclat rococo de la Croisette, sans doute parlera-t-on de « belle histoire », d’« ascension fulgurante » ou même de « braquage ». L'oeuvre et les souvenirs du cinéaste qui a grandi à quelques mètres de là, « juste derrière le gymnase », racontent pourtant autre chose. « En vrai ».
« Le point de départ, place l’intéressé, c’est ma rencontre avec Kim, à 8 ou 9 ans, à la maison des jeunes de Montfermeil. Il habitait à Paris, mais ses grands-parents étaient ici et il venait pour les week-ends, les vacances. » Kim Chapiron se souvient des châtaignes ramassées au bois de Bondy : « Moi j’ai grandi dans le “troubadour way of life” avec mon père (le peintre et graphiste Kiki Picasso, ndlr), mais Ladj c’est pas du tout ça, c’est un mec des Bosquets. Ce sont deux mondes qui ne se croisent pas : quand il me rencontre, il rencontre un extraterrestre. » Alors que Chapiron et ses potes parisiens, Romain Gavras et Toumani Sangaré, aiguisent leur cinéphilie dès l’adolescence, Ly ne s’intéresse pas spécialement au cinéma. Jusqu’à une après-midi de juin 1995 à Rosny-sous-Bois : « On est partis voir La Haine avec 10, 15 potes et c’était le bordel parce qu’à l’époque, au cinéma, tu pouvais manger, fumer, mettre tes pieds où tu voulais… La Haine, c’est un choc parce que ça se passe en banlieue et qu’on peut s’identifier à ces gueules qu’on n’avait jamais vues au cinéma. » Kim, Toumani, Romain et Ladj forment bientôt le collectif Kourtrajmé, et à Montfermeil, Ladj fait tourner les VHS des films afro-américains de l’époque : New Jack City, Boyz N the Hood, Menace 2 Society…Un beau jour de 1997, Kim Chapiron rejoint son pote à Montfermeil avec une caméra DV recouverte de gaffer et filme sa cité. Ladj Ly a alors 17 ans, et il parle toujours de ce moment comme d’une épiphanie : « J’oublie complètement le trucmais quelques mois plus tard, Kim me fait venir dans le studio où il était en stage et montait ses trucs en scred’, près de la place de Clichy. Il me montre le court qu’il avait tourné, Montfermeil Les Bosquets, et là… J’ai pris une claque ! C’était bizarre de se voir à l’écran mais je me suis dit “trop de style, trop de flow”, et j’ai su exactement ce que je voulais faire dans la vie. »



 
 

Un « apprenti Spielberg » du copwatch

Romain Gavras : « On pouvait tourner là-bas parce que Ladj venait des Bosquets. Sauf qu’à l’époque, si t’avais pas les bonnes entrées, la banlieue tu n’y rentrais même pas. » Avec ses potes de Kourtrajmé, celui qu’on crédite parfois comme régisseur transforme son quartier de toujours en ce qu’il appelle aujourd’hui « [son] studio de tournage à ciel ouvert ». Venu du 5e arrondissement de Paris, Alexis Manenti le visite pour la première fois en 2003, pour tourner Le Chat de la grand-mère d’Abdel-Krim : « Les Bosquets, c’était complètement à l’abandon à l’époque. Le pitbull qu’un mec avait ramené est tombé super malade après avoir mangé un peu d’herbe : il a vomi, il a fait des convulsions… Ladj en rigolait : “T’as vu comment c’est toxique, ici ?” » S’il vit dans son décor, l’acteur-régisseur doit casser sa tirelire pour s’offrir sa première caméra : une Sony PC130 qu’un pote lui trouve à moitié prix. « 6 000 francs, chiffre-t-il. C’était déjà énorme ! » Lui et sa petite caméra DV ne se quitteront plus. Il filme son quartier, les tournages, les virées avec Kourtrajmé et même les mariages des mecs de la cité, pour rendre service ou prendre un billet. « J’étais le seul à avoir une caméra et un banc de montage, alors autant en faire profiter les autres. J’étais l’homme à la caméra, quoi. » C’est sur Sheitan (2006), premier long métrage de la bande réalisé par Chapiron, qu’il découvre un « vrai plateau de cinéma » et comprend qu’il préfère être en retrait, « tranquille ». Le temps de faire passer son premier casting à Leïla Bekhti : « C’est la première personne que j’ai rencontrée dans ce métier et il a su me rassurer quand j’avais peur qu’on se rende compte que je faisais n’importe quoi. Qu’il passe derrière la caméra juste après, c’était naturel. »
Naturel sans doute, même s’il faut aussi que les circonstances dramatiques de l’époque viennent alimenter le feu. 27 octobre 2007. Zyed Benna et Bouna Traoré, 17 et 15 ans, meurent électrocutés dans un poste électrique, tout près des Bosquets, alors qu’ils fuient des policiers trop zélés. Des émeutes embrasent Clichy-Montfermeil puis toutes les banlieues de France, largement attisées par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. « Pendant les émeutes de 2005, j’étais un émeutier : d’autres avaient des barres, des pierres, moi j’avais ma caméra », balance Ladj, assagi mais pas apaisé, en équilibre sur une seule jambe. Des centaines d’heures de rushes accumulées à cette époque-là, il tire sa première réalisation : le documentaire 365 jours à Clichy-Montfermeil, monté avec le camarade Toumani Sangaré. Le film est diffusé en ligne, gratuitement, comme le seront Go Fast Connexion (2008), mockumentary sur le trafic de stupéfiants aux Bosquets, et 365 jours au Mali (2014, réalisé avec Saïd Belktibia et Benkoro Sangaré), qui couvre les premiers mois de la guerre du Mali, son « pays de cœur ».
Puisque sa Sony PC130 est toujours dans sa poche et que la mort de Zyed et Bouna n’est pas un incident isolé, Ladj Ly introduit le copwatch au pays de Sarkozy et Jean-Pierre Pernault. « On m’appelait dès que les flics étaient là pour que je vienne filmer, et quand j’arrivais sur place, je les entendais dire : “Y a Ladj, y a Ladj ” ! Tout le monde se calmait net parce que la caméra faisait peur. C’est devenu une espèce de jeu avec les keufs, j’avais des techniques de ouf pour leur échapper : je me cachais dans les bagnoles, dans des apparts, je montais derrière un scooter pour les suivre, je grimpais sur les toits… » Un soir d’octobre 2008, des policiers aux abois défoncent une porte du 5e étage pour attraper Abdoulaye Fofana, étudiant de 20 ans installé devant le match amical France-Tunisie. Ils le menottent, puis le traînent jusqu’au rez-de-chaussée en le rouant de coups, mais le big brother du ghetto filme la fin de la scène depuis l’arrière d’une voiture. « Je vais les voir et je leur dis : “Eh les gars, j’ai tout filmé, vous êtes dans la merde.” » Le lendemain, Ly est convoqué au commissariat. Il doit montrer la bande à une vingtaine de flics « en panique ». On lui présente le commissaire, « en costume cravate et dans un bureau un peu sombre, comme dans les films ». Il accepte d’abandonner la bande pour ressortir sans problème, puis va voir ses potes « à Paname », copie de la vidéo en main. L’état-major de Kourtrajmé se réunit et finit par appeler Costa-Gavras, le père de Romain, qui les conforte dans leur décision de publier la vidéo et leur donne un contact au sein du site d’information Rue89. Publiée le lendemain, la vidéo est reprise par toute la presse, jusqu’au 20 heures de France 2, et provoque un commentaire a posteriori délicieux du sénateur UMP de Seine-Saint-Denis, Christian Demuynck, qui évoque « les vidéos bidonnées d’apprentis Spielberg ». Las, Rue89 publie 17 minutes de rushes qui appuient la version de l’apprenti Ladj Ly et l’IGN doit ouvrir une enquête. Ladj Ly : « Les condés se sont un peu calmés mais moi par contre, ils voulaient ma peau… Ils m’ont menacé de mort, m’ont braqué avec leurs armes… J’ai jamais flippé, mais je savais qu’il allait m’arriver des bricoles. » Au total, une quarantaine de plaintes sont déposées par la police et les élus contre celui qui est devenu une figure incontournable de ce quartier où il habite toujours.



  

Taper des barres avec le président

Vient alors le temps des bricoles et du conflit qui dégénère avec Xavier Lemoine, maire UMP de Montfermeil et proche de Christine Boutin. Au départ, il y a une plainte déposée par l’élu lors de la première exposition de l’artiste JR sur les murs des Bosquets, organisée par Ladj. Il y a ensuite la présence du cinéaste sur une liste divers gauche qui récolte 33,5 % des voix aux élections municipales de 2008 et plusieurs accrochages avant un épilogue dans un salon de l’Élysée en 2015, lors d’une projection des Bosquets, film de ballet et de démolitions d’immeubles qu’il inspire au même JR. Alors que Ladj Ly refuse de serrer la main de l’élu et « tape des barres » avec le président Hollande, Lemoine insiste pour s’excuser longuement. En parallèle de ces grands combats et petites victoires, celui qui est désormais réalisateur à part entière pige pour Arte ou Envoyé spécial et produit des films institutionnels, qu’il ne signe pas, pour payer les factures. Heureusement, parce que les documentaires « perso » qu’il signe de son nom n’intéressent pas les télévisions. « On respectait les formats TV mais on nous donnait des conditions : il fallait changer la fin, donner les rushes pour refaire un montage… Pour nous, c’était comme ça ou 'allez vous faire enculer' » pose-t-il sans jouer au dur, alorsqu’un vent glacial souffle sur une des dalles de Clichy-sous-Bois où il a tourné Les Misérables. À cette intransigeance répondent la méfiance ou la paresse des télés donc, mais aussi de la « grande famille du cinéma français » qui n’aura daigné accueillir les héritiers Gavras et Chapiron que comme de curieux cousins vaguement suspects. Métisse normando-malien parti créer Kourtrajmé Africa au Mali, Toumani Sangaré observe sans rancœur : « Peut-être que les professionnels se sont focalisés sur Kim et Romain au risque d’oublier les autres… C’est plus difficile pour les réalisateurs qui ont des origines noires ou maghrébines, et c’est à cause du regard des gens de l’industrie : un gars des quartiers ou un syndicaliste, ce n’est jamais qu’une caution. » Ladj, volontariste, partage ce diagnostic : « Évidemment que c’est plus difficile pour Toumani et moi, parce qu’on n’est personne dans le milieu. J’suis un renoi, j’viens d’une des pires cités de France, mais c’est comme partout hein, c’est plus difficile quand tu ne ressembles pas aux autres. Si on se tape et qu’on travaille plus que les autres, on peut y arriver ! »

 

Les Misérables de retour à Montfermeil

Pour (enfin) mettre à profit ces années de travail documentaire en passant à la fiction, l’homme à la caméra doit encore trouver des producteurs qui fassent l’effort de consulter son profil Linkedin pour lui faire confiance. C’est finalement via Facebook que Toufik Ayadi et Christophe Barral, de chez SRAB Films, le contactent. Ayadi : « En discutant avec Ladj, on a compris qu’il ne fallait pas lui imposer des contraintes comme la note d’intention ou le scénario nickel, plié, comme on apprend à les écrire en école de cinéma. Sauf que c’est comme ça qu’on trouve les financements, et que ses thèmes ne sont pas évidents à financer. Alors on lui a donné un budget et carte blanche pour qu’il fasse un court métrage de fiction. » Ce fameux scénario, il l’écrit à quatre mains avec le vieux complice Alexis Manenti, d’abord sollicité pour jouer dans le film, sur un sujet qu’il connaît bien. « Au départ,ça s’appelait “Copwatch”, rapporte l’acteur. Et puis un jour, il m’a appelé pour me dire qu’il avait le titre : petit, il avait vu Les Misérables joué au théâtre par des jeunes du quartier, et il s’est souvenu que Victor Hugo avait écrit le roman dans les environs. Certains décors du roman comme la maison des Thénardier ou le lavoir sont à Montfermeil, et Ladj trouvait le parallèle intéressant. » Le court métrage sort en 2017, aligne les sélections en festival et vaut à son auteur une de ses deux nominations aux César 2018, puisqu’il coréalise le documentaire À voix haute : la force de la parole avec Stéphane de Freitas. Le tournage du long métrage tiré du court débute à Clichy-Montfermeil à peine six mois après la cérémonie. « J’avais quand même la pression d’avoir mes potes qui avaient déjà fait des films, sourit-il en garant l’Audi de sa femme devant les locaux des Ateliers Médicis : Kim a fait trois longs, Romain sortait son deuxième… Moi je me suis fait la main, tranquille, j’ai bossé avec tous mes potes. J’ai pris le temps d’apprendre, de regarder faire parce que je pouvais pas arriver et faire un truc moyen. On est attendus au tournant alors tout ce qu’on fait en tant que Kourtrajmé, il faut que ça défonce ! » L’esprit de compétition ? Plutôt l’amitié qui facilite les coups de main et court-circuite les faux-semblants. Chapiron : « Il y a zéro filtre entre nous. On passe notre temps à se charcler, à chercher la meilleure possible pour dire qu’une scène est nulle. Et c’est la façon la plus saine d’avancer. »

 

Enfin au complet, les élèves sont installés dans les petits gradins de la partie « studio » des Ateliers Médicis et Toumani Sangaré se présente en ces termes : « Moi, je fais partie de la promo 1996 de l’école Kourtrajmé. » Parce que l’idée de « l’école Kourtrajmé » est bien simple : donner à d’autres passionnés de cinéma la chance de croiser des « extraterrestres » à leur tour, et tracer leur propre chemin loin des analyses de film pour hypokhâgneux des écoles de cinéma traditionnelles. Chapiron, Gavras, Bekhti, Cassel, Michel Hazanavicius ou encore Olivier Nakache et Éric Toledano y donnent des « masterclass ». Ce projet, Ladj Ly avait déjà tenté de le monter en 2001 avec la mairie de Montfermeil, avant qu’on le lui retire pour mieux le laisser mourir. C’est finalement à l’automne 2018, alors qu’il travaillait sur ce fameux premier long métrage, qu’il a pu mener sa vision à terme. Le stakhanoviste est récompensé par une sélection à Cannes, donc, ainsi que 1 500 candidatures venues de toute la France et du monde entier, et déjà cinq courts métrages en production. « Les écoles de cinéma formatent, regrette le pédagogue, mais elles sont aussi trop difficiles d’accès alors qu’on ne demande pas aux gens d’être bons à l’école… Ici je vois des Rebeus, des Blancs, des Asiats, des Renois, et c’est juste comme ça dans la vraie vie. » Attablé dans un café du 10e arrondissement, près des locaux d’Iconoclast, la production branchée qui coproduit son court métrage avec l’école, Bilal Chikri fréquentait l’école Kourtrajmé en voisin, venant de Clichy-sous-Bois. Il achève le vieux mensonge de la méritocratie avec un débit de mitraillette : « J’aime le cinéma depuis tout petit, mais je ne me suis jamais dit que je pouvais en faire… J’ai arrêté l’école en 4e et quand tu vois les gens du cinéma, tu te dis que c’est réservé à une élite. » Le sujet de son court, qui lui a permis d’accéder à la formation de scénariste puis de réalisateur ? La schizophrénie provoquée par le cannabis chez les jeunes. « C’est un vrai problème autour de moi, j’étais obligé d’en parler », prêche-t-il comme un apôtre de Ladj, cinéaste du réel. Kim Chapiron, qui signe la musique des Misérables avec son groupe Pink Noise, s’occupe de l’exégèse : « Ladj propose une nouvelle grammaire, parce que son terreau, les couleurs de sa palette, c’est le réel. C’est très différent de Romain et moi, c’est une autre branche de Kourtrajmé. » Alors que le cinéma de Ladj Ly, qu’il définit lui-même comme « un mélange de docu et de fiction », s’apprête à conquérir le Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals, à Cannes, le dernier mot est pour Leïla Bekhti, qui préfère évidemment les belles histoires aux braquages : « Ladj a fait beaucoup pour beaucoup de monde, et j’espère que maintenant, on va en faire autant pour lui. »Tous propos recueillis par D.A.C.

 

Article paru dans Sofilm n°70 (mai 2019) 


jeudi 21 novembre 2019

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